
Lorsque j’ai vu danser l’étrange tréma et la double consonne, sur les affiches du métro de Babylone, Füssli était un parfait inconnu. On était le 1er janvier, et à vrai dire, tout ce qui se profilait devant moi me semblait inconnu: commencer l’année en rencontrant un peintre dont j’ignorais tout, et qui était pourtant assez reconnu pour s’approprier les murs de Jacquemart, semblait opportun.
Le manteau, selon son triste sort quotidien, est pendu au vestiaire, il ne manque plus qu’à entrer. Le chemin est un délice, entre le jardin d’hiver, l’escalier de marbre et de pierre et la fresque de Tiepolo, d’où on peut contempler les badauds restés au rez-de-chaussée.
Qui est Füssli ?
“Fils d’un père peintre et historien de l’art, Johann Heinrich Füssli fut un temps pasteur et commença une carrière artistique assez tardivement, lors d’un premier voyage à Londres, sous l’influence de Sir Joshua Reynolds, président de la Royal Academy. Après un long séjour en Italie, au cours duquel il est fasciné notamment par la puissance des compositions de Michel-Ange, il revient s’installer à Londres à la fin des années 1770. Artiste atypique et intellectuel, Füssli puise son inspiration dans les sources littéraires qu’il passe au filtre de son imagination. Il développe dans sa peinture un langage onirique et dramatique, où se côtoient sans cesse le merveilleux et le fantastique, le sublime et le grotesque.”
Mon coup de coeur.
Lycidas, 1796-1799. Huile sur toile, 111 x 87,5 cm. Collection particulière

On n’explique pas un coup de coeur. Mais ce berger endormi m’a enchanté pour plusieurs raisons. La première est sans doute que je l’ai croisé dans l’exposition après de nombreuses représentations de cauchemars et de démons, à la suite desquels il représentait un véritable apaisement pour l’oeil tout chargé des angoisses nocturnes du peintre.
La seconde est cet air tout rimbaldien qu’on ne peut s’empêcher de lui trouver. La quiétude d’un dormeur du val, dont on ne percevrait pas encore la célèbre blessure. La jeunesse au front, la paix de la nuit, le rose aux joues, la liberté d’un berger assoupi au clair de lune. Non, je n’ai rien d’autre à expliquer, il me plait, ce Lycidias.
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