Slot Zeist, Pays-Bas
- Angélique Provost
- 27 mai
- 1 min de lecture
Chacun de son côté, on noue, on attache, on enfile. On se prépare. Dans la pièce où la lumière s’épanouissait comme un secret chuchoté, elle enfilait sa robe Cymbeline. Il y avait les rires étouffés, les doigts qui nouaient, ajustaient, suspendaient le temps autour d’un tissu froissé. Les visages se reflétaient dans les miroirs avec cette gravité joyeuse des grandes heures.
Et puis la cérémonie.
Dans l’église, la lumière filtrait en rais sur les épaules droites, les mains jointes, les voix pures. La langue des psaumes ne connaissait pas de nation: la prière est universelle, l'engagement aussi.
Dans le parc ombragé de Slot Zeist, les coupes tintèrent sans retenue. Le champagne avait le goût de l’été et des retrouvailles. Les invités, en robes fluides et vestes ouvertes, formaient des grappes colorées. Pendant ce temps, eux deux s’éclipsaient. Quelques instants pour n’être plus qu’eux. La lumière dansait sur les marches du château, sur sa robe, sur ses cheveux. Ils riaient doucement, comme deux enfants cachés au fond du jardin.
Les tables étaient des tableaux. Lin blanc, candélabres, lierre délicat qui l'embrasse. Tout disait l’élégance sans ostentation. Les discours furent tendres, les plats servis avec une chorégraphie discrète. On parlait deux langues, parfois trois, mais les rires étaient compris de tous. Chacun levait son verre dans la même langue.
Quand les premières notes ont vibré, quelque chose s’est défait. Les talons sont tombés, les vestes posées: la piste de danse est devenue une constellation mouvante. Elle ne dansait pas, elle flottait en rythme sans toucher terre, reine sans royaume. Et lui, les yeux brillants, n’en croyait toujours pas sa chance.
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